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Mohammed était-il illettré ?
Mohammed était-il illettré ?

Cette question peut au premier abord sembler surprenante pour les musulmans traditionnels qui ont appris depuis leur plus tendre enfance que Mohammed est resté illettré toute sa vie. Plusieurs musulmans réformistes tels que Rashad Khalifa ont d'autre part soutenu, et avec des arguments très convaincants, que Mohammed ne pouvait pas être illettré, notamment parce que le premier verset qui lui a été révélé lui ordonne de « lire » (96:1). De plus, si l’on étudie tous les versets qui contiennent le mot « oummi » (singulier et pluriel), traduit en islam sunnite et chiite par « illettré », il est évident, comme nous allons le démontrer, que « oummi » a une signification différente dans le Coran.
Nous allons dans un premier temps étudier la définition du mot « oummi » à la lumière du Coran. Nous citerons ensuite une prophétie biblique majeure qui prédit l'avènement d'un livre révélé à un prophète illettré (Esaïe 29:10-12), ainsi qu'un verset Coranique sans équivoque (29:48) qui prouve que Mohammed était illettré au moment où le Coran lui a été révélé.
Comment pouvons-nous réconcilier le fait que Dieu ait d’emblée ordonné à Mohammed de « lire » et que le mot « oummi » ne signifie pas « illettré » dans le contexte Coranique, et que la Bible et le Coran démontrent d’autre part si clairement qu’il était bien illettré au moment où le Coran lui a été révélé ? Nous montrerons que la clef pour résoudre cet apparent dilemme est que Mohammed était effectivement illettré lorsque le Coran lui a été révélé lors de la nuit du décret (suras 96-97), ce qui était une condition préalable pour que le « livre » lui soit manifesté (Esaïe 29:10-12), mais qu'il n'avait d'autre choix que d'obéir au commandement de Dieu et d’apprendre à « lire » et écrire par la suite. Finalement, nous préciserons pourquoi le coran a été révélé entièrement lors de la nuit du décret dans le cœur de Mohammed (2:97) et ensuite révélé par étapes (25:32), ce qui est profondément lié au commandement initial de « lire ».
Table des matières
1. Définition du mot « oummi »
1.1 La définition dans le dictionnaire de Lane
1.2. Le mot « oummi » dans le Coran
2. Dieu a ordonné à Mohammed de « lire »
3. La Bible et le Coran démontrent que Mohammed était bien illettré au moment où Dieu lui a révélé le Coran
4. Comment le Coran a-t-il été révélé ?
Conclusion
1. Définition du mot « oummi »
1.1 La définition dans le dictionnaire de Lane
أُمِّىٌّ (T, M, Mgh, Mṣb, Ḳ) et ↓ أُمَّانٌ (Ḳ) [le premier dérivé de أُمَّةٌ, et donc correctement signifiant Gentil : d'où, dans un sens secondaire ou tropical, (supposé tropical :) un païen;] (supposé tropical :) une personne n'ayant aucune écriture révélée; (Bḍ en iii. 19 et 69;) ainsi utilisé par ceux qui ont une Écriture révélée : (Bḍ en iii.69 :) [et en particulier] un Arabe: (Jel en iii. 69, et Bḍ et Jel en lxii. 2: ) [ou] dans la langue appropriée [des Arabes], de, ou appartenant à, ou se rapportant à, la nation (c.à.d. أمَّة) des Arabes, qui ne savait écrire ni lire: et donc métaphoriquement appliqué à (tropical :) quiconque ne connaît pas l'art d'écrire ni celui de lire: (Mgh :) ou (supposé tropical :) celui qui n'écrit pas; (T, M, Ḳ;) parce que l'art d'écrire est acquis; comme s'il était ainsi appelé par rapport à l'état dans lequel sa mère (أُمَّهُ) l'a élevé: (T :) ou (supposé tropical :) celui qui est dans l'état naturel de la nation (الأُمَّة) à laquelle il appartient, (Zj, * T, M, * Ḳ, *) en ce qui concerne le fait de ne pas écrire, (T,) ou de ne pas avoir appris l'écriture; restant ainsi dans son état naturel : (M, Ḳ :) ou (supposé tropical :) celui qui n'écrit pas correctement; supposé être lié à أمٌّ; parce que l'art d'écrire est acquis, et une telle personne est comme sa mère l'a élevé, dans l'ignorance de cet art; ou, comme certains disent, de أُمَّةُ العَرَبِ; parce que la plupart des Arabes étaient conformes à cette description: (Mṣb :) l'art d'écrire était connu parmi les Arabes [au temps de Mohammed] par les gens d'Et-Táïf, qui l'ont appris d'un homme du peuple d'El- Hireh, ces derniers l’ayant appris du peuple d'El-Ambár. (T.).
Nous pouvons donc résumer la définition ci-dessus du mot « oummiyun » (أُمِّىٌّ) comme signifiant :
- (1) « Gentil », dans le sens d'une personne qui ne suit aucune écriture révélée ou n'a pas reçu ou acquis une connaissance des Saintes Écritures.
- (2) « Illettré », c’est-à-dire une personne qui ne sait ni lire ni écrire.
Étudions maintenant tous les mots « oummi » (singulier et pluriel) dans le Coran.
1.2. Le mot « oummi » dans le Coran
وَمِنْهُمْ أُمِّيُّونَ لَا يَعْلَمُونَ ٱلْكِتَٰبَ إِلَّآ أَمَانِىَّ وَإِنْ هُمْ إِلَّا يَظُنُّونَ
(2:78) Et parmi eux, il y a des oummiyoûna qui ne connaissent pas le livre (ٱلْكِتَٰبَ = révélations précédentes) si ce par ouï dire, et ils se livrent à la conjecture.
Dans le contexte de la sourate, le verset réfère aux Juifs, dont certains avaient pour habitude d'entendre la parole de Dieu (la torah) puis de la déformer (2:75). Le verset nous enseigne que parmi eux (le peuple juif), certains sont des « oummiyoûna » (أُمِّيُّونَ) qui ne connaissent le livre (les révélations de Dieu) autrement que par ouï dire. Le verset définit donc « oummi » comme une personne qui « ne connaît pas le livre », c'est-à-dire qu’il est possible d’être juif, et d’être malgré tout « oummi » si cette dernière n’a pas vraiment étudié les Saintes Écritures.
فَإِنْ حَآجُّوكَ فَقُلْ أَسْلَمْتُ وَجْهِىَ لِلَّهِ وَمَنِ ٱتَّبَعَنِ وَقُل لِّلَّذِينَ أُوتُوا۟ ٱلْكِتَٰبَ وَٱلْأُمِّيِّۦنَ
ءَأَسْلَمْتُمْ فَإِنْ أَسْلَمُوا۟ فَقَدِ ٱهْتَدَوا۟ وَّإِن تَوَلَّوْا۟ فَإِنَّمَا عَلَيْكَ ٱلْبَلَٰغُ وَٱللَّهُ بَصِيرٌۢ بِٱلْعِبَادِ
(3:20) Et s'ils se querellent avec toi, alors dis: « Je me suis soumis à Dieu ainsi que ceux qui me suivent. » Et dis à ceux qui ont reçu le livre et al oummiyoûna : « Vous êtes-vous soumis ? » ; s'ils se sont soumis, alors ils sont sûrement guidés, mais s'ils font volteface, ton seul devoir est de transmettre [le message] ; Dieu est toujours conscient de [Ses] serviteurs.
Dans le verset, les deux expressions (1) « ceux qui ont reçu le livre » et (2) « al oummiyoûna » ont des significations opposées: « Ceux qui ont reçu le livre » désigne principalement les juifs, les chrétiens et éventuellement les Sabéens qui ont étudié et appris les Saintes Écritures, tandis que le terme « oummiyoûn » désigne des gens qui n'ont pas eu accès aux Écritures tel que les Arabes polythéistes et parfois même des Juifs comme nous l'avons vu en 2:78.
وَمِنْ أَهْلِ ٱلْكِتَٰبِ مَنْ إِن تَأْمَنْهُ بِقِنطَارٍ يُؤَدِّهِۦٓ إِلَيْكَ وَمِنْهُم مَّنْ إِن
تَأْمَنْهُ بِدِينَارٍ لَّا يُؤَدِّهِۦٓ إِلَيْكَ إِلَّا مَا دُمْتَ عَلَيْهِ قَآئِمًا ذَٰلِكَ بِأَنَّهُمْ قَالُوا۟
لَيْسَ عَلَيْنَا فِى ٱلْأُمِّيِّۦنَ سَبِيلٌ وَيَقُولُونَ عَلَى ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ وَهُمْ يَعْلَمُونَ
(3:75) Et parmi les gens du livre, il y a celui qui, si vous lui confiez une fortune, vous la rendra, et parmi eux il y a celui qui, si vous lui confiez un seul dinar, ne vous le rendra pas à moins que vous ne le harceliez sans relâche. Tout cela parce qu'ils ont dit : « Nous ne sommes pas repréhensibles vis-à-vis d’al oummiyyouna » et ils attribuent à Dieu des mensonges en pleine connaissance de cause.
Ce verset fait sans doute référence aux livres du Sanhédrin (Sanhédrin 57a), c'est-à-dire le Talmoud, qui est l'équivalent juif des hadiths et de la sounnah dans l'islam sunnite, et proclame qu’un juif peut légitimement garder quelque chose qu’il a volé à un « gentil » (non-juif) sans pour autant commettre de péché. Il s’agit de toute évidence d’une violation des 10 commandements (Exode 20:2-17 et Deutéronome 5:6-17) et le mot « al oummiyyoûna » (ٱلْأُمِّيِّۦنَ) en 3:75 réfère donc ici aux « gentils » (non-juifs), tel qu’entendu par la communauté Juive.
ٱلَّذِينَ يَتَّبِعُونَ ٱلرَّسُولَ ٱلنَّبِىَّ ٱلْأُمِّىَّ ٱلَّذِى يَجِدُونَهُۥ مَكْتُوبًا عِندَهُمْ فِى ٱلتَّوْرَىٰةِ
وَٱلْإِنجِيلِ يَأْمُرُهُم بِٱلْمَعْرُوفِ وَيَنْهَىٰهُمْ عَنِ ٱلْمُنكَرِ وَيُحِلُّ لَهُمُ ٱلطَّيِّبَٰتِ وَيُحَرِّمُ
عَلَيْهِمُ ٱلْخَبَٰٓئِثَ وَيَضَعُ عَنْهُمْ إِصْرَهُمْ وَٱلْأَغْلَٰلَ ٱلَّتِى كَانَتْ عَلَيْهِمْ فَٱلَّذِينَ
ءَامَنُوا۟ بِهِۦ وَعَزَّرُوهُ وَنَصَرُوهُ وَٱتَّبَعُوا۟ ٱلنُّورَ ٱلَّذِىٓ أُنزِلَ مَعَهُۥٓ أُو۟لَٰٓئِكَ هُمُ ٱلْمُفْلِحُونَ
(7:157) Ceux qui suivent le Messager, le Prophète al oummiyya qu'ils trouvent consigné à leur intention dans la Torah et l'Évangile. Il leur ordonne ce qui est convenable et leur interdit ce qui est blâmable. Il leur permet ce qui est pur et leur interdit ce qui est impur, et les libère de leurs fardeaux et des jougs qui les affligeaient. Ceux qui croient en lui, l’assistent et lui portent secours, et suivent la lumière qui est descendue avec lui ; tels ont ceux qui connaitront le succès.
À la lumière des versets ci-dessus et des précédents, « al nabiyya al oummiyya » (ٱلنَّبِىَّ ٱلْأُمِّىَّ = le prophète oummi) « qu'ils trouvent écrit dans la torah et l'Évangile » signifie que Mohammed n'avait aucune connaissance préalable des Écritures Saintes précédentes ; cela ne contredit pas le fait qu’il ait éventuellement pu être illettré, mais cela ne fait pas partie de la définition large de terme « oummi » d’un point de vue strictement Coranique. Autrement dit, le mot « oummi » devrait être traduit ici par « le prophète gentil » dans le sens juif du terme, car il n'avait reçu aucun enseignement préalable de la Bible.
قُلْ يَٰٓأَيُّهَا ٱلنَّاسُ إِنِّى رَسُولُ ٱللَّهِ إِلَيْكُمْ جَمِيعًا ٱلَّذِى لَهُۥ مُلْكُ ٱلسَّمَٰوَٰتِ وَٱلْأَرْضِ لَآ
إِلَٰهَ إِلَّا هُوَ يُحْىِۦ وَيُمِيتُ فَـَٔامِنُوا۟ بِٱللَّهِ وَرَسُولِهِ ٱلنَّبِىِّ ٱلْأُمِّىِّ ٱلَّذِى يُؤْمِنُ بِٱللَّهِ وَكَلِمَٰتِهِۦ
وَٱتَّبِعُوهُ لَعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ
(7: 158) Dis: « Ô [vous les] hommes ! Je suis le messager de Dieu pour vous tous. [Il est] Celui à qui appartient la souveraineté des cieux et de la terre. Il n'y a point de divinité si ce n’est Lui. Il accorde la vie et provoque la mort. » Alors, croyez en Dieu et en Son messager, le prophète al oummiyyi, qui croit en Dieu et en Ses paroles. Suivez-le, afin que vous soyez guidé !
Ce verset est la suite de 7:157, donc « al nabiyyi al oummiyyi » (ٱلنَّبِىِّ ٱلْأُمِّىِّ) a strictement la même signification qu'en 7:157, à savoir « le prophète gentil » qui n'avait initialement aucune connaissance préalable des Saintes Écritures.
هُوَ ٱلَّذِى بَعَثَ فِى ٱلْأُمِّيِّۦنَ رَسُولًا مِّنْهُمْ يَتْلُوا۟ عَلَيْهِمْ ءَايَٰتِهِۦ وَيُزَكِّيههممْ
وَيُعَلِّمُهُمُ ٱلْكِتَٰبَ وَٱلْحِكْمَةَ وَإِن كَانُوا۟ مِن قَبْلُ لَفِى ضَلَٰلٍ مُّبِينٍ
(62:2) Il est celui qui a envoyé à al oummiyoûna un messager parmi eux afin qu’il leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le livre et la sagesse, ce bien qu'ils étaient auparavant dans un égarement manifeste.
Mohammed a été envoyé parmi son peuple (les Arabes) qui étaient des « gentils » (des gens non-initiés aux Saintes Écritures), c’est-à-dire qu’ils étaient « des gens non-initiés aux Saintes Écritures ».
Pour conclure cette section, le mot « oummi » fait donc référence aux non-juifs (gentils) lorsque le mot est utilisé par la communauté juive (3:75), mais réfère en premier lieu dans le Coran à « ceux qui n’ont pas été initiés aux Saintes Écritures » (3:20, 62:2) ou aux juifs qui n'ont reçu qu’un enseignement vague des Écritures et basé sur le ouï-dire (2:78). Le prophète est appelé deux fois le prophète « oummi » prédit dans les Écritures Saintes précédentes (7:157-158), ce qui signifie qu'il n'avait reçu aucune éducation préalable de la Bible et était donc initialement un « gentil », c’est-à-dire « une personne non initiée aux Saintes Écritures ».
Par conséquent, le terme « oummi » ne signifie jamais « illettré » dans le Coran, même si certains « oummiyoûn » (gentils) peuvent tout à fait être analphabètes, quand bien même cela ne fait pas partie de la définition.
2. Dieu a ordonné à Mohammed de « lire »
Rashad Khalifa a vraisemblablement été le premier musulman à contredire la thèse selon laquelle Mohammed était illettré dans l'annexe 28 de sa traduction du Coran :
« La première révélation (« Lis ! ») comprend le fait que « Dieu enseigne au moyen de la plume » (96:1-4), et la deuxième sourate révélée est « La plume » (68:1). La seule fonction de la plume est d’écrire. » (Fin de citation).
Appendix 28, traduction anglaise du Coran par Rashad Khalifa. Citation traduite par l’auteur de l’article.
Lisons 96:1-4 :
ٱقْرَأْ بِٱسْمِ رَبِّكَ ٱلَّذِى خَلَقَ
(96:1) Lis (O’ Mohammed), au nom de ton Seigneur qui a créé!
خَلَقَ ٱلْإِنسَٰنَ مِنْ عَلَقٍ
(96:2) Il a créé l'être humain à partir d'une adhérence.
ٱقْرَأْ وَرَبُّكَ ٱلْأَكْرَمُ
(96:3) Lis! (O Mohammed) Ton Seigneur est le Tout Généreux.
ٱلَّذِى عَلَّمَ بِٱلْقَلَمِ
(96:4) Celui qui enseigne au moyen de la plume.
En d'autres termes, Dieu ordonne à Mohammed à la deuxième personne du masculin singulier de l’impératif de « lire » (ٱقْرَأ = « lis ! », deuxième personne masculin de l'impératif) non pas une fois, mais deux fois (96:1, 96:3). Quasiment chaque fois que le Coran utilise la deuxième personne du masculin de l'impératif, l’ordre est directement adressé à Mohammed qui est le destinataire de la révélation et est chargé de la transmettre à la race humaine :
ٱقْرَأ = Lis ! (O’ Mohammed !).
Mohammed aurait-il pu désobéir à Dieu Tout-Puissant et rester illettré toute sa vie après avoir reçu cet ordre initial si primordial pour lui et pour le futur de la race humaine ?!
Ainsi, l’immense importance de l’apprentissage en Islam est stratégiquement situé à la source même de la révélation sous forme d’ordre (96:1-3) ; Dieu nous a créé pour travailler durement et accomplir le bien dans ce monde (5:48, 17:19, 53:39-40, 94:5-6, etc…).
Certains traducteurs qui comprennent à quel point il serait incohérent que Dieu ordonne à Mohammed de « lire » et qu'il serait resté illettré toute sa vie, affirment que « iqrâ » (ٱقْرَأ = lis !) signifie « récite ! » et non pas « lis ! ». L'argument n'est à mon sens pas valable car il existe un verbe différent pour exprimer l’idée de « réciter » (تَلَىٰ = talâ, voir 2:44, 2:102, 2:113, 2:121, 2:129, 2:151, 2:252…) dans le Coran et qui est utilisé 61 fois en tout, par exemple :
تِلْكَ ءَايَٰتُ ٱللَّهِ نَتْلُوهَا عَلَيْكَ بِٱلْحَقِّ فَبِأَىِّ حَدِيثٍۭ بَعْدَ ٱللَّهِ وَءَايَٰتِهِۦ يُؤْمِنُون
(45:6) Voici les versets de Dieu que Nous te récitons (نَتْلُوهَا) en vérité (O’ Mohammad). Alors, en quels hadiths autres que (littéralement : « au-delà de », « après ») Dieu et ses versets croient-ils !
Le verbe « lire » (قَرَأَ) est utilisé en 17:14 pour nous informer que nous devrons tous « lire » (et non pas réciter!) notre livre le jour du jugement :
ٱقْرَأْ كِتَٰبَكَ كَفَىٰ بِنَفْسِكَ ٱلْيَوْمَ عَلَيْكَ حَسِيبًا
(17:14) Lis ton livre ! Aujourd'hui, tu te suffis à toi-même pour établir ta propre comptabilité.
Remarque : Le même verbe à l'impératif est utilisé de la même manière en 69:19 et signifie « lisez Mon livre ! ».
Donnons un autre exemple pour prouver que le verbe « qarâ » (قَرَأَ) signifie bien « lire » et non « réciter » (تَلَىٰ) :
يَوْمَ نَدْعُوا۟ كُلَّ أُنَاسٍۭ بِإِمَٰمِهِمْ فَمَنْ أُوتِىَ كِتَٰبَهُۥ
بِيَمِينِهِۦ فَأُو۟لَٰٓئِكَ يَقْرَءُونَ كِتَٰبَهُمْ وَلَا يُظْلَمُونَ فَتِيلًا
(17:71) Le jour où Nous appellerons chaque peuple avec leurs chroniques [d’actes]. Alors, quiconque reçoit son dossier dans sa main droite, tels sont ceux qui liront leurs livres, et il ne leur sera fait le plus infime des torts.
La raison pour laquelle nous recevrons les chroniques de notre vie dans notre main droite (si Dieu le veut) est dans le but de la « lire » (verbe قَرَأَ), et non pas de la réciter (verbe تَلَىٰ).
Rashad Khalifa poursuit dans l’annexe 28 de sa traduction du Coran :
« Le Prophète était un marchand prospère. Les « savants musulmans » qui ont inventé le mensonge au sujet de son illettrisme oublient qu'il n'y avait pas de nombres à l'époque du Prophète : [Ce sont] les lettres de l'alphabet qui étaient utilisées comme nombres. En tant que marchand utilisant quotidiennement des nombres, le Prophète se devait de connaître l'alphabet de un à mille. Le Coran nous enseigne que Mohammed a écrit le Coran. Les contemporains de Mohammed y sont cités comme disant :
[Coran 25:5] Ils ont également dit: « Ce sont des fables du passé qu’il a écrites ; elles lui sont dictées jour et nuit. »
Vous ne pouvez pas « dicter » à une personne illettrée. Les ennemis du Prophète qui l'accusent d'analphabétisme abusent du verset 29:48, lequel concerne spécifiquement les écritures précédentes. » (Fin de citation).
Appendix 28, traduction anglaise du Coran par Rashad Khalifa, passage traduit par l’auteur de l’article.
Rashad Khalifa présente deux arguments de poids supplémentaires car les nombres tels que nous les connaissons aujourd'hui n'existaient pas au temps du prophète et les Arabes utilisaient le système abjad pour compter, lequel attribue une valeur numérique (de 1 à 1000) à chacune des 28 lettres de l'alphabet arabe. Le prophète fut un marchand prospère pendant de nombreuses années avant que le Coran lui soit révélé. Il est impossible que Mohammed ait pu ignorer l'alphabet arabe. Cela implique-t-il nécessairement qu'il savait lire et écrire des mots et des phrases complètes ? Pas nécessairement ; cependant, les arguments de Rashad, en particulier celui au sujet de 96:1-4 sont extrêmement convaincants, y compris celui à propos de 25:5 qui montre que les Arabes affirmait que le coran lui était « dicté » (تُمْلَىٰ عَلَيْهِ = forme passive) par quelqu’un matin et soir. Si Mohammed n’avait pas appris à écrire, ses adversaires n'auraient pas pris la peine d’affirmer une telle chose.
3. La Bible et le Coran démontrent que Mohammed était bien illettré au moment où Dieu lui a révélé le Coran :
(Ésaïe 29:10-12) :
10 Car l'Éternel a répandu sur vous un esprit de torpeur. Il a bouché vos yeux, vous, les prophètes ; Il a voilé vos têtes, vous qui recevez des révélations. 11 Toute cette révélation est devenue pour vous comme les mots écrits sur un rouleau scellé. Donnez-le à un homme qui a appris à lire en lui disant : « Lis cela, s’il te plaît. », et il vous répondra : « Je ne peux pas le lire, le rouleau est scellé. » 12 Donnez-le à quelqu’un qui n’a jamais appris à lire en lui disant : « Lis cela, s’il te plait », et il vous répondra : « Moi, je ne sais pas lire. »
Traduction : La Bible du Semeur.
Ésaïe 29:10-12 est l'un des nombreux passages de l'Ancien et du Nouveau Testament qui prophétisent clairement l'avènement du Coran et du prophète Mohammed. Il est évident que ce verset prophétise qu'un « livre » révélé (traduit ci-dessus par « rouleau ») sera présenté aux prophètes lettrés, mais ils ne pourront pas le lire parce que « le livre est scellé ». Mais lorsque le livre sera présenté à un prophète illettré il dira : « Je ne sais pas lire ».
Le passage implique donc qu’un livre majeur auquel les prophètes n’avaient pas accès devait être présenté à une personne illettrée ; il s’agissait donc d’un des signes et d’une des conditions pour que le livre soit descellé.
Je mets au défi quiconque de nommer un seul prophète parmi ceux envoyés au peuple d'Israël qui était illettré : vous n'en trouverez pas un seul. Par contre, Il est universellement reconnu que Mohammed était illettré lorsque le Coran lui a été révélé.
Le livre d'Ésaïe est l'un des nombreux rouleaux trouvés dans les grottes de Qoumran et le chapitre 29 est entièrement conservé. Les différents rouleaux et fragments du livre d'Isaïe ont été datés au carbone 14 entre 350 et 50 avant notre ère. Le passage ci-dessus corrobore le texte trouvé dans les versions ultérieures du livre d'Ésaïe et nous pouvons donc attester que le texte de la prophétie ci-dessus est probablement inaltéré.
Conformément à la prophétie biblique majeure d’Ésaïe 29:10-12, le Saint Coran confirme que Mohammed était bien illettré :
وَمَا كُنتَ تَتْلُو مِن قَبْلِهِ مِن كِتَابٍ وَلَا تَخُطُّهُ بِيَمِينِكَ إِذًا لَّارْتَابَ الْمُبْطِلُون
(29:48) Et tu ne pouvais réciter aucun livre avant cela (le Coran), ni ne pouvais en écrire aucun avec ta main droite. Ainsi, ceux qui nullifient [leurs actions] ne pouvaient qu’être en proie au doute.
Ce verset démontre que Mohammed ne pouvait réciter ni lire aucun livre avant que le coran ne lui soit révélé car le mot « kitabin » (كِتَابٍ = livre) est à la forme indéfinie (وَمَا كُنتَ تَتْلُو مِن قَبْلِهِ مِن كِتَابٍ). C’est la preuve indéniable que le prophète était bien illettré. Rashad Khalifa et d’autres ont mal interprété le verset pour tenter de justifier que Mohammed savait lire et écrire avant la nuit du décret (suras 96-97). De plus, le verset est écrit d'une manière distinctive qui implique que Mohammed a appris à lire et à écrire après la révélation initiale du Coran : « Et tu ne pouvais réciter aucun livre avant cela » (le Coran). Mohammed ne pouvait donc ni lire ni écrire avant la nuit du décret, mais le verset ne dit en aucun cas que cela est resté le cas après. Au contraire, la façon dont le verset est formulé implique que Mohammed a appris à « lire » et à écrire « au moyen de la plume » (96:1-4) par la suite.
L'illettrisme de Mohammed lorsqu’il a reçu le Coran était donc un accomplissement de la prophétie d’Ésaïe 29:10-12, et 29:48 précise qu’il s’agissait d’un signe destiné à dénier aux incrédules tout motif valable de dénier que le Coran est la parole de Dieu. Mohammed avait passé toute une vie (10:16) parmi son peuple en tant qu'illettré vivant au sein d’une tribu polythéiste n’ayant pas la moindre connaissance des Saintes Écritures et il n’avait aucun motif pour tromper ses pairs à l’âge assez avancé à cette époque de 40 ans.
4. Comment le Coran a-t-il été révélé?
La sourate 96 est stratégiquement située juste avant la sourate 97 qui indique que l’intégralité du Coran a eu lieu au cours de « laylatoul Qadr » (la nuit du decret):
إِنَّآ أَنزَلْنَٰهُ فِى لَيْلَةِ ٱلْقَدْرِ
(97:1) En vérité, nous l’avons révélé (le Coran) au cours de la nuit du décret.
Le Coran a été révélé en une seule fois par Gabriel (2:97, 16:102, 26:193) :
قُلْ مَن كَانَ عَدُوًّا لِّجِبْرِيلَ فَإِنَّهُۥ نَزَّلَهُۥ عَلَىٰ قَلْبِكَ بِإِذْنِ
ٱللَّهِ مُصَدِّقًا لِّمَا بَيْنَ يَدَيْهِ وَهُدًى وَبُشْرَىٰ لِلْمُؤْمِنِينَ
(2:97) Quiconque est un ennemi de Gabriel, alors en vérité il l’a révélé (le Coran) dans ton cœur (O’ Mohammed) par la grâce de Dieu, authentifiant ce qui est déjà présent (des Saintes Écritures) et guidance et bonne nouvelle pour les croyants.
Le Coran a ensuite été graduellement extrait du cœur de Mohammed :
وَقَالَ ٱلَّذِينَ كَفَرُوا۟ لَوْلَا نُزِّلَ عَلَيْهِ ٱلْقُرْءَانُ جُمْلَةً
وَٰحِدَةً كَذَٰلِكَ لِنُثَبِّتَ بِهِۦ فُؤَادَكَ وَرَتَّلْنَٰهُ تَرْتِيلًا
(25:32) Ceux qui mécroient disent: « Pourquoi le Coran n’a-t-il pas été révélé en une seule fois ? » Ainsi, Nous pouvions raffermir ton cœur et Nous l’avons récité graduellement dans une séquence appropriée.
Les incrédules se sont étonné que le Coran n’ait pas été révélé en une seule fois. Le paradoxe est qu’en réalité il l’a été. Le coran a été révélé ou « téléchargé » dans le cœur de Mohammed par Gabriel en une seule fois (2:97, 97:1) et il leur a semblé que ce n’était pas le cas car il a été ensuite récité graduellement sur une période d’une vingtaine d’années à partir de son cœur grâce à ses qualités de mémoire cellulaire pour coïncider avec des évènements futurs et différents besoins de la communauté musulmane présente et des générations à venir.
D’après de multiples études scientifiques universellement reconnues depuis des décennies, la mémoire est stockée dans le cerveau, mais également dans des organes, et notamment dans le cœur. Nous mentionnerons ici un fait divers relaté dans un livre intitulé « The Heart’s Code » (Le code du cœur) par le docteur Paul Pearsall, dont le livre détaille 73 transplantations cardiaques et 67 transplantations d’organes. Il raconte notamment l’histoire d’une jeune fille de huit ans non nommée pour des raisons évidentes et qui a reçu avec succès il y a plusieurs décennies une transplantation cardiaque de la part du corps d’une fille décédée à l’âge de dix ans : Elle commença peu après l’opération à avoir des cauchemars récurrents effroyablement saisissants comme quoi elle avait été poursuivie par un homme dans un bois et avait ensuite été assassinée. Un psychiatre pris tellement au sérieux son récit qu’il contacta un artiste médico-légal pour illustrer le rêve et réaliser le portrait du meurtrier d’après les informations fournies par la jeune fille. La police fut ensuite contactée et un dessein du meurtrier leur fut procuré, ce qui leur permis de l’identifier et l’arrêter.
La jeune fille de huit ans fut ainsi capable de donner des détails extraordinairement précis du visage du meurtrier, des vêtements qu’il portait au moment du meurtre, de l’heure, du lieu et de l’arme du meurtre, ainsi que de ce que la victime avait dit au meurtrier au moment du meurtre. Ce dernier avoua le meurtre et fut ensuite emprisonné, on peut dire grâce à la mémoire cellulaire du cœur greffé à la jeune fille. Cette histoire extraordinaire et bien d’autres sont détaillées dans le livre : « The Heart’s Code », Paul Pearsall, PhD. Editeur : Harmony, 1999. Ce cas n’est nullement isolé et le fait que des organes greffés transmettent des éléments de la mémoire ou des habitudes du défunt a été documenté et établi de longue date. Des patients ayant reçu des transplantations cardiaques sont parfois capables de comprendre et utiliser des mots dans une langue étrangère qu’ils ne connaissaient même pas, ce qui démontre que le cœur qu’ils reçoivent est capable de stocker des informations qui sont ensuite communiquées à leurs cerveaux.
Ceci illustre à mon sens la raison pour laquelle le Coran a été révélé spécifiquement dans le cœur de Mohammed (2:97), à savoir qu’il s’agissait du meilleur moyen de le sauvegarder pour ensuite le divulguer graduellement selon une séquence spécifique (25:32). Il suffisait alors, quand le moment était venu qu’une sourate soit révélée aux contemporains de Mohammed pour coïncider avec un évènement ou besoin particulier, que Gabriel ou possiblement des anges déverrouillent une sourate donnée afin que ce dernier « récite » les informations stockées dans son cœur et qu’il pouvait mettre par écrit car il avait appris à « lire » et à écrire « au moyen de la plume » (96:1-4) conformément au commandement initial qui lui fut intimé.
Le fait que le Coran ait été révélé dans le cœur de Mohammad est également quelque peu similaire au phénomène d’hypnose au cours de laquelle il est possible de sonder la mémoire et retrouver ou obtenir des détails dont une personne n’a en apparence aucun souvenir, ce que Gabriel ou des anges ont pu accomplir au travers du cœur de Mohammed tout au long du processus de révélation.
Conclusion:
Le mot « oummiyun » (أُمِّىٌّ) est traduit par « gentil » (non-juif, non initié aux Saintes Écritures) ou « illettré » dans les dictionnaires classiques. La définition Coranique est différente car elle ne signifie jamais « illettré » mais « gentil », c'est-à-dire une personne ne connaissant pas les Saintes Écritures. Du point de vue des Juifs dans le Coran, « oummi » signifie « non-juif » (3:75), mais le Coran considère également les juifs sans instruction religieuse suffisante comme « oummiyoun » (2:78).
Certains musulmans réformistes comme Rashad Khalifa ont affirmé que Mohammed n'était pas illettré, y compris avant la révélation initiale, contrairement aux sunnites et aux chiites qui croient qu'il l’est demeuré toute sa vie. Les deux opinions sont partiellement correctes et erronées à la fois et la vérité se situe exactement à mi-chemin : La Bible (Ésaïe 29:10-12) a prophétisé qu'un livre serait révélé à un prophète illettré, ce qui est confirmé dans le Coran en 29:48 et démontre que Mohammed ne pouvait ni lire ni écrire avant la révélation initiale (lors de la nuit du décret), le langage particulier du verset impliquant qu'il a appris par la suite. 96:1 est le premier verset consciemment révélé à Mohammed (après le Bismillah en 96:0) et le premier mot révélé lui ordonne de « lire ». Le même ordre est répétée en 96:3. Mohammed ne pouvait en aucun cas désobéir à Dieu et il a dû apprendre à « lire » par la suite, Dieu spécifiant en 96:4 qu'Il est « Celui qui enseigne au moyen de la plume ». Par conséquent, il a appris à lire et à écrire à partir de ce moment, ce qui transparaît en 25:5 :
(25:5) Et ils ont dit: « Ce sont des fables des anciens qu’il a écrites ; elles lui sont dictées matin et soir. »
Les contemporains de Mohammed savaient qu'il était illettré avant la révélation initiale du Coran (29:48), mais ils ont également été témoins de sa métamorphose et du fait qu'il a appris à lire et à écrire par la suite ce qui leur a permis d’avancer l’allégation ci-dessus.
Le coran a été révélé intégralement par Gabriel dans le cœur de Mohammed (2:97) lors de la nuit du décret car le cœur a une capacité extraordinaire de stocker la mémoire dans ses cellules. Gabriel ou des anges pouvaient ensuite déverrouiller graduellement différentes sourates du cœur de Mohammed afin qu’elles soient révélées et mises par écrits par ce dernier.
Article publié le 16 juillet 2020.